Jean Siméon Chardin : le Grand maître de la nature morte
Cet article est lié à la conférence de l’Université Permanente qui se tiendra jeudi 31 mai à l’IUT de la Roche-sur-Yon.
Jean Siméon Chardin, Grand maître de la Nature morte, un genre considéré comme mineur à son époque et qu’il parvient à pousser à sa perfection. Il se détourne volontairement de la grande peinture, celle des scènes religieuses, mythologiques ou historiques. Il travaille dans son atelier dans un calme absolu, prenant le temps de percer l’essence même des objets. Tout au long de sa carrière, Chardin s’applique à étudier la nature. L’observation scrupuleuse de la réalité le distingue de ses aînés qui veulent séduire et de ses prédécesseurs flamands plus virtuoses mais moins rigoureux.
Né à Paris en 1699, Chardin est issu d’un milieu d’artisan. Contrairement à la majorité des peintres du XIIIe siècle, il n’a pas été formé par l’Académie Royale. Il étudie auprès de Pierre-Jacques Cazes puis auprès de Noël-Nicolas Coypel (deux peintres français). En 1724, il est reçu maître peintre à l’Académie de Saint-Luc. Quatre ans plus tard, il expose place Dauphine plusieurs natures mortes, dont la Raie (exposée aujourd’hui au Louvre). Cette même année, l’Académie lui ouvre ses portes. Reçu et agréé le même jour, il offre la Raie et le Buffet (Louvre) à l’Académie et en suit dorénavant fidèlement les séances. En 1731, il épouse Marguerite Saintard, avec qui il était fiancé depuis 1720. La même année naît un fils, Pierre-Jean, dont son père veut, en vain, faire un peintre d’histoire. Après quatre années de mariage, son épouse décède soudainement et leur petite fille ne survit pas. Resté seul avec son fils en bas âge, Chardin se met à peindre de petites scènes de la vie quotidienne. La Pourvoyeuse, La Gouvernante, L’Épinette et La mère laborieuse ont beaucoup de succès. Le roi Louis XV commande pour ses appartements de Versailles Le Bénédicité. Ces tableaux à figure se vendent à un tarif bien supérieur à celui des natures mortes.
En 1744, Chardin se remarie à une voisine veuve, Marguerite Pouget. En 1757, il quitte le quartier Saint Germain où il avait passé toute sa vie pour aller s’installer au Louvre, dans un logement attribué par le Brevet Royal. Il s’essaie peu d’années avant sa mort au pastel.
On estime à plus de 1 000 le nombre de toiles exécutées par Chardin durant sa longue carrière, ce qui surprend de la part d’un peintre que ses contemporains accusent souvent de » paresse « . Avec plus de 30 tableaux provenant en majeure partie de la collection Lacaze, le Louvre est le musée le plus riche en Chardin. Les musées de Stockholm, Karlsruhe, Glasgow, le musée Jacquemart-André et le musée de la Chasse à Paris possèdent, eux aussi, de beaux ensembles d’œuvres de l’artiste. Une rétrospective lui a été consacrée en 1979 (Paris, Cleveland, Boston).