« The Hole in the Ground » : une trou story
Jeune réalisateur irlandais, Lee Cronin signe un époustouflant premier long-métrage, à la lisière du film d’horreur, sublimé par une mise-en-scène saisissante. A la lisière du film d’horreur.
Séparée de son mari, Sarah élève seule son fils, Chris, dans une maison isolée au cœur d’une forêt irlandaise. Entre une vieille voisine flippante et un immense et étrange cratère au milieu des bois, la stabilité mentale de la jeune femme est mise à rude épreuve. Surtout lorsqu’elle remarque le comportement de plus en plus décalé de Chris… Quelque chose cloche rapidement dans leur relation. Sarah est perplexe : est-elle vraiment folle ou c’est son fils qui est possédé ?
The Hole In the Ground creuse son trou en s’étayant sur une histoire bien structurée et maîtrisée, à l’ambiance sombre, mystérieuse. Interprété par Seàna Kerslake et James Quinn Markey, ce récit captivant évoque l’amour fusionnel d’une mère pour son fils. Dès le plan d’ouverture, tous les enjeux à venir sont déjà là : la mère regarde son fils s’amuser de ses reflets devant un miroir déformant, qui va devenir un objet clé du récit. L’histoire étalonne tout d’abord ses enjeux avec subtilité, le suspense se met habilement en place.
Cependant, le long-métrage souffre d’une sensation de “déjà-vu”. Le dénouement, la trame, on les retrouve dans de nombreux autres long-métrages, comme Mr Babadook de Jennifer Kent, ou The Hollow Child de Jeremy Lutter. The Hole in the Ground s’est emparé d’une thématique récurrente des petites productions d’horreur psychologique : le lien fusionnel entre une mère seule et son enfant. On croirait naviguer en terrain connu. Cependant, Lee Cronin réussit à capter l’attention avec des moments de folie mêlés à du fantastique. Il dépasse rapidement cette appréhension et s’affirme en se focalisant sur le regard d’une mère terrifiée par un fils qu’elle ne reconnaît plus.
Dans ce bois dense à l’écart du monde, le film installe une ambiance étouffante. Les teintes sylvestres décolorées paraissent refléter la dépression qui envahit Sarah. Le récit ne s’écarte pas une seule seconde de sa paranoïa et de sa peur. The Hole In The Ground nous enferme toujours un peu plus dans le regard inquiet de Sarah, admirablement servi par la prestation très incarnée de Seána Kerslake.
The Hole In The Ground, un long-métrage plutôt réussi, à la fois en termes d’horreur et de maîtrise métaphorique, dépasse rapidement le sentiment de “déjà-vu” et fait entendre sa propre voix. On ne peut que vous conseiller d’aller jeter un œil sur ce qui se cache dans ce fameux cratère…
Bethy Merand