[Grand R – littérature] Retour sur une lecture toute en émotions avec Sylvain Prudhomme
La lecture projection de Sylvain Prudhomme, auteur en résidence au Grand R, a fait salle comble samedi 17 novembre, à La Gâterie. La lecture intitulée Des nouvelles du mur de Trump a récolté un franc succès et a su émouvoir le public nombreux et serré dans la petite salle de la Gâterie.
Ce samedi 17 novembre, Sylvain Prudhomme a entamé sa résidence au Pôle Littérature du Grand R par un atelier d’écriture. Il a ensuite réalisé dans la soirée une Lecture Projection à la Gâterie (espace dédié à la création contemporaine). L’événement naît d’un partenariat récent du Pôle Littérature avec La Gâterie, qui a débuté l’année dernière avec l’auteure : Camille de Toledo.
Sylvain Prudhomme est revenu pendant cette lecture-projection sur son voyage en auto-stop à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, entrepris pour le dernier numéro de la revue America. L’auteur a traversé les États-Unis d’est en ouest en longeant la frontière, et en la traversant quelques fois. Il lui a fallu 12 jours pour parcourir les 3 200 km de frontière en auto-stop. Et là, vous vous demandez si cet homme n’est pas un peu fou pour s’être lancé dans une entreprise pareille.
La rencontre a commencé par une projection des photos des 30 automobilistes qui ont pris l’auteur en stop. Les photos ont toutes été prises avec un polaroïd. Une fois la projection visionnée, l’auteur a entrepris une lecture de sept portraits d’automobilistes qui l’avait marqué. Il y avait Shelvy, Great, Maria, Juan, Alberto, etc. L’auteur a pu restituer les conversations qu’il avait eu avec ces personnes qui l’ont prises en stop grâce à des notes prises dans son carnet et des enregistrements. Sous nos yeux, l’auteur fait revivre ces personnes aux histoires incroyables. Il y a le touchant témoignage de Shelvy, un réparateur de buggy et de jet-ski. Une rencontre troublante avec un dealer black en Californie, Great, qui va pousser l’auteur dans ses retranchements, et sera le seul automobiliste que l’auteur n’a pas pu prendre en photo. Un trajet avec Maria, l’une des deux femmes seules à avoir pris l’auteur en stop, qui se souvient d’un voyage qu’elle a fait en France à Carcassonne après ses études. Et puis, il y a Alberto, un chauffeur de taxi et ancien toxicomane qui lui chante une de ses compositions : Porque.
L’auteur nous dévoile sa réalité de la frontière. Dans cet environnement dangereux, l’auteur raconte qu’il ne s’est pas senti en danger, et particulièrement dans les villes sous le contrôle des cartels et des mafias comme Ciudad Juarez. La frontière qui est matérialisée comme infranchissable de notre point de vue d’Européen est en fait bien plus ouverte que l’on ne le croit. Des gens franchissent la frontière tous les jours pour aller travailler et on voit très peu d’illégaux tenter de la franchir. Trump ne jouit pas d’une belle image à la frontière. La plupart des Mexicains n’aiment pas l’image que renvoient les États-Unis de leur pays. Mis à part l’aspect géopolitique de cette rencontre, on en retient surtout des témoignages touchants, authentiques, célébrant la vie.
Inès Roiland