[#CADAVRE EXQUIS] Une journée sur le festival. Des films. Une histoire. Mardi.

Cela s’est produit il y a exactement 365 jours, durant l’automne de Marjolaine. À l’image d’INGEBORG BACHMANN – JOURNEY INTO THE DESERT, j’avais décidé de partir à la recherche du récit initiatique de ma vie. Après des heures à suivre l’étoile filante sur ma route, j’arrivais enfin au village nommé El eco. Sur mes lèvres se lisait toute l’anxiété que je ressentais. J’avais l’estomac noué, je me sentais presque défaillir sur le siège de ma voiture. À bord de ma voiture, dans le convoi de la peur, aux prémices d’un nouvel opus de ma vie.

Et maintenant ? Que faire ? J’étais en avance. Il n’était pas encore minuit. Malgré cela, j’étais sortie de mon véhicule et me baladais sans but dans les rues quasiment désertes. Il faisait nuit noire, une ambiance sombre régnait dans les environs. Je pressais le pas, je marchais encore et encore, sans m’arrêter. J’ignorai la vieille dame qui criait sans cesse « Linda veut du poulet ». Je ne savais pas qui était cette Linda et je n’avais pas envie de le savoir. J’avais plus important à faire car l’heure était arrivée. J’avais rendez-vous au bar le BITTERBUSH.

Assise au comptoir, j’observais la salle : une télévision trônait au centre de la pièce principale, une succession de films courts passaient en boucle, empêchant le lieu de mourir en silence. Le barman arriva et me demanda ce que je désirais. Une voix inconnue et la mienne déclarèrent à l’unisson qu’elles désiraient un cocktail appelé The Invisible Fight. Mon regard se tourna vers la voix. C’était la première fois que je la voyais : Madame de Sévigné. C’était le jour où j’ai rencontré ma mère.