[#Nous avons vu] The Botanist, une balade au cœur de la campagne chinoise
The Botanist, sorti en 2025 et réalisé par Jing Yi, nous offre une vision nouvelle de la Chine et plus précisément de la région de Xinjiang. Une épopée aussi bien fantastique que réaliste axée sur la vie de deux jeunes amis. Entre poésie lyrique et drame réaliste, ce film nous offre de très belles images, calmes et ressourçantes. Avec Yesl Jahseleh et Ren Zihan comme acteurs, laissez-vous transporter dans la beauté des paysages du nord-ouest de la Chine et voyez comme la nature fait bien les choses.
Arsin est un jeune Kazakh de treize ans, vivant avec sa grand-mère et son oncle. Oncle qui est en réalité son grand frère, mais la culture kazakh veut que le fils aîné soit donné à la grand-mère en tant que fils et non petit-fils. Le véritable oncle d’Arsin a malheureusement disparu depuis quelques années. On dit qu’il était parti en montagne avec son troupeau puis qu’un soir, il n’est jamais revenu. Arsin, perturbé par sa disparition, plonge dans les herbiers de son oncle. C’est lui qui a inculqué à Arsin l’amour de la flore et l’art de s’occuper d’un troupeau de moutons. C’est aussi son oncle qui a donné à Arsin cette envie de tout savoir sur les plantes de son pays et qui a fait de lui un « botaniste ».
Un jour, en dormant près d’un ruisseau, le bras caressé par les mouvements de l’eau, il est réveillé par une jeune fille de son âge : Meiyu.
Entre conte traditionnel et réalité familière
The Botanist est un film plutôt simple à première vue. Pourtant, nous ressentons la volonté de Jing Yi d’incorporer des éléments nous faisant douter du genre de ce film.
Le film commence avec une voix de vieil homme racontant un conte poignant. Plusieurs fois dans le film des dictons, légendes et expressions sont énoncés. Des éléments sortant de l’ordinaire sont aussi présents. Tout au long du film, un cheval noir apparaît et disparaît en quelques secondes. Il parle comme un être humain et peut être perçu comme un messager de l’oncle perdu. Pendant la nuit des silhouettes étranges, mi-homme,mi-monstre, apparaissent avec des jeux d’ombres. Ces éléments viennent ajouter une touche de fantaisie au long-métrage. Nous ne sommes jamais bien sûr qu’il s’agit d’hallucinations de la part d’Arsin, ou de cauchemars qu’il fait la nuit. En effet, nous découvrons vite qu’il est somnambule. Souvent, durant ces épisodes, il s’éloigne de chez lui et se réveille le lendemain matin près du ruisseau, bien loin de son lit.
Ce ruisseau est présent dès le début du film, où nous suivons son cours. C’est d’ailleurs grâce à ce ruisseau qu’il connaîtra Meiyu. La rencontre entre eux se fait de manière naturelle, ils deviennent tout de suite amis et partent toute la journée explorer la nature. Ensemble, ils parcourent les montagnes, observent la beauté des éléments naturels et jouent beaucoup. Meiyu est un peu différente d’Arsin, c’est une Chinoise Han. Mais, comme lui aussi est différent des autres garçons qui préfèrent la boxe et le football aux plantes, Meiyu et lui s’entendent bien.
Jing Yi, nous montre la vie des habitants aux multiples cultures et religions de ce petit village perdu dans les montagnes, comme s’il s’agissait d’un reportage. Pourtant, cela ne gêne en aucun cas l’esthétique du film. Ce film ne contient quasiment que des scènes sans grands rebondissements. À travers des plans travaillés et sublimés, on suit le quotidien de la grand-mère, cuisinant de bons petits plats et prenant soin de ses proches, mais aussi les inquiétudes du grand frère d’Arsin après qu’il a quitté Shanghai précipitamment, à la suite d’une dispute qui s’est mal terminée avec son ancien colocataire.
La relation entre Arsin et son frère peut elle aussi être étudiée. En effet, on ne ressent pas une grande complicité entre les deux, sûrement à cause de l’écart d’âge, pourtant, ils passent du temps ensemble et s’apprécient. Lors de leurs soirées à surveiller leur troupeau de moutons, ils sont côte à côte et communiquent à leur façon. C’est une relation pudique qui nous est montrée, car le frère d’Arsin n’accepte pas le fait que son petit frère l’appelle “grand frère” au lieu “d’oncle”.
Ces scènes toutes plutôt banales sont en fait remplies d’originalités par leurs esthétiques et la manière dont elles nous sont montrées.
Un éloge à la nature
Dans The Botanist, Jing Yi nous transmet la beauté d’une vie à l’écart des grandes villes à travers les yeux d’un jeune garçon amoureux des plantes.
Ce dernier est très souvent penché vers la terre, à regarder chaque petite pousse, racine, feuille qu’il peut trouver. Parfois, il les collecte et les met dans son herbier. Le soir, à la lumière de la lampe de la maison de sa grand-mère, il regarde ses cahiers et apprend à mieux connaître la flore. Le souvenir de son oncle perdu l’habite.
Dès le début du film, nous voyons des feuilles en contre-plongée valser avec vent. Ces dernières sont sublimées et dansent sur des notes douces.
Une comparaison entre les montagnes désertiques et la forêt dense se fait aussi.
La composition des plans est captivante et douce en plus d’être très poétique.
Meiyu, fille de marchand, apparaît dans la vie d’Arsin et pour lui, cette jeune fille est comme une plante rare. Il la regarde danser et s’épanouir comme il observe les plantes grandir et se balancer.
The Botanist raconte une histoire dans des paysages magnifiques et si différents des nôtres, tout en nous offrant une expérience où la nature est au cœur de l’attention.
The Botanist
Film  2025, 96min
Jeanne Boisteault
Envoyée spéciale au Festival international du Film de La Roche-sur-Yon
 
                       
                       
                       
                      