[#C’est pas pour spoiler mais…] Certains films ne se tournent pas, ils se…
Certains films ne se tournent pas, ils se construisent avec le temps.
Yalla Parkour n’est pas un simple documentaire : c’est une conversation qui dure plus de dix ans. Entre 2014 et aujourd’hui, la cinéaste américaine d’origine palestinienne et le jeune traceur de Gaza ont gardé le contact, fil après fil, image après image. Leurs voix se croisent, vieillissent, changent de ton. Ce temps long, presque invisible, devient le véritable cœur du film.
L’interview n’est pas figée : elle respire, elle grandit. On entend la jeunesse pleine d’élan du garçon au début, puis sa lucidité qui grandit au fil des années. Sa manière de parler du parkour, de la vie, du futur, se transforme doucement.
La réalisatrice, derrière la caméra, ne cache pas sa présence. Elle pose des questions, écoute, relance mais surtout, elle apprend à attendre. Attendre qu’il parle, qu’il ose dire ce qui ne se dit pas. Attendre que les images trouvent leur sens. Attendre que la confiance s’installe.
La confiance qu’ils éprouvent l’un envers l’autre évolue et devient plus forte avec les années. Elle ne se décrète pas, elle se construit lentement, à travers les années, les silences des appels. Ce n’est plus une réalisatrice et un sujet, mais deux personnes reliées par le temps et la patience.
Il y a quelque chose de bouleversant dans cette durée : on voit un visage changer, un corps mûrir, un espoir persister malgré tout. La guerre, les destructions, les contraintes restent en toile de fond mais au centre, il y a le fil ténu du dialogue, qui résiste à tout.
Ce n’est pas pour spoiler, mais…
Certains films ne cherchent pas à raconter une histoire.
Ils se contentent de prouver qu’on peut continuer à se parler même quand tout autour invite au silence.
Yalla Parkour
Film de , 2024, 89 minutes
VOSTF – Langue : Arabe, Suédois
Diffusion : le mardi 14 octobre à 11h30 au Cyel et le samedi 18 octobre à 18h30 au Concorde.
Inès Giraud
Envoyée spéciale au Festival International du Film de La Roche-sur-Yon
