[#Cadavre exquis] Mercredi. Marielle, ici, dans l’ombre
Un jour au festival. Des films. Une Histoire.
Chaque matin, sur le principe du cadavre exquis, découvrez en une histoire courte, la programmation des films de la journée.
Les relations mères-filles sont précieuses, Marielle n’a pas connu sa mère. Elles ont, certes, vécu dans le même appartement mais elles ne se sont jamais vraiment connues comme une mère connaît son enfant, comme une enfant connaît sa mère. Un jour sa tante lui avait raconté que ses parents s’étaient rencontrés en regardant le film Mississipi burning, et ne s’étaient pas quittés depuis. Ce que Marielle ne comprenaient pas c’était le départ de son père qui avait abandonné femme et enfant.
Son père les avait larguées lorsque Marielle n’avait que trois mois, il était parti vivre dans une ville appelée « The new west » pour observer le phénomène de Ghost Elephants. Sa mère qui étudiait ce phénomène, avait, après le départ du père de Marielle, préféré travailler sur une théorie qu’elle avait appelé « Bestiari, erbari, lapidari ». Son travail lui prenait tout son temps, elle ne faisait plus attention à Marielle, qui grandissaient toute seule.
La pire mère au monde est celle qui n’a jamais appris à interpréter le silence de son enfant. Déchiffrer le silence ce n’est pas comme résoudre un théorème, les règles ne sont jamais les mêmes.
La mère de Marielle n’a jamais appris ce que le silence de cette dernière voulait dire. Elle n’a jamais perçu dans le silence de sa fille le besoin d’une mère. Marielle, la jeune fille qui en savait trop a appris à lire le silence, à donner une signification à chaque pause dans une conversation. Avec ce savoir, elle a pu découvrir Le Secret des mésanges, qu’elle a caché de peur qu’il soit percé par des personnes malveillantes. Un soir d’octobre, elle a discuté avec un flic qui lui a raconté l’histoire de la mort de Franz K. et d’Eléonore Duse en 1924. Elle n’a pas tout compris, elle pense qu’il n’était pas dans son assiette ce jour-là. Un mardi d’octobre, elle a retiré Le Moineau dans la cheminée, dans l’espoir d’un regard de sa mère, elle aurait même accepté un froncement de sourcil, un geste, mais sa mère n’a jamais rien remarqué.
En observant des passants sur le Quai des brumes, elle se rend compte que sa mère et elle ne sont pas des gens comme les autres. Les observations de Marielle sont décrites dans un carnet intitulé Shifting Baseline : elle dit que les humains sont piégés dans un univers sans en connaître les codes. Rabbit trap aurait pu être un bon titre aussi mais elle se refuse à comparer le piège de l’humanité à une simple embûche pour un petit animal inoffensif.
Dans le cadre de ses recherches sur les différentes phases de la Lune, Marielle a découvert la « Blue Moon » , ce phénomène qui peut paraître incroyable, par sa rareté. Marielle se dit que la rareté doit donner de la valeur à quelque chose, ce raisonnement elle ne sait pas quoi en faire.
Elle rêve de Pompei, sotto le nuvole (Pompéi, sous les nuages), tente d’imaginer ce que les habitants de la ville ensevelie penseraient de l’héritage historique qu’ils ont laissé sans le savoir. Elle essaie d’écrire un roman, pour cela, elle s’inspire de romans comme, Les voyages de Tereza (o último azul), How to be normal and the oddness of the other world ou encore Ancestral visions of the future. Elle espère être publiée, remarquée pour finalement sortir de l’ombre qui l’entoure.
Sophie Delaunay
Envoyée spéciale au Festival international du film de La Roche-sur-Yon