[#NOUS AVONS VU] L’Envol : entre poésie et rudesse.
L’Envol, c’est l’adaptation libre par Pietro Marcello du roman Alye parusa d’Aleksandr publié en 1923. Cette transposition aux airs de fable à la fois poétique et qui donne envie d’évasion, offre un bol d’air frais.
Juliette a grandi seule avec son père Raphael, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, cette solitaire, un jour fait la rencontre d’une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie, rêvant de pouvoir s’évader.
Un film qui réunit dureté et féérie
A la fois rempli de violence et de magie, l’Envol souligne la dureté de certaines injustices et laisse une grande place aux souvenirs de la jeune fille. Une réminiscence qui se déroule au travers de l’utilisation d’images d’archives. Ce qui crée cette ambiance de nostalgie et qui rend poétique le film. Sans oublier la technique des ellipses temporelles et le sens affirmé du cadre d’un Pietro Marcello, attentif aux détails. Un ensemble qui nous pousse à nous attacher aux principaux personnages, sans occulter la rudesse.
Malgré l’hostilité du village dans lequel vivent le père et la fille et la dureté des événements, l’intervention de la magie rapproche le film du conte.
Une fin de scénario précipitée
Au début, le film commence peu à peu avec des images d’archives de soldats lors de la Première Guerre Mondiale, puis il se poursuit avec le passage de Juliette bébé à une jeune fille affirmée. Le scénario continue alors à se dérouler doucement, parfois ponctué d’un ou deux événements rendant l’histoire quelque peu répétitive, toujours accompagnée de musiques douces. Cependant, la fin du scénario chargée en actions semble se précipiter nous laissant alors difficilement digérer ce qui vient de se passer.
La musique : un moyen d’expression des sentiments
La poésie de ce film s’exprime à travers la musique, point central de l’œuvre. Elle traduit également les moments d’émotion des personnages : l’accordéon dans les mains fortes et abimées par le travail du père, le violon entre les mains du forgeron ou encore le piano sous les doigts de la jeune fille accompagné par sa jolie voix.
L’Envol souligne aussi la condition féminine en mettant en avant l’émancipation dont fait preuve l’héroïne principale en repoussant les hommes tout en restant auprès de son père qui a veillé sur elle toute sa vie.
Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est que ces fameux voiles écarlates dont parlait la prophétie, ne viendraient pas de la mer mais du ciel, lui offrant un moyen de s’évader au travers d’une histoire d’amour.
Une histoire remplie de brutalité et de douceur ainsi que de poésie, à découvrir pour sa seconde projection au Cyel vendredi 21 octobre 2022 à 14h. A retrouver aussi dès sa sortie en salle, le 11 janvier 2023.
Elisa Saunier.
Crédit photo : Critikat.com