#Balancetonbar, un mouvement émergent et inquiétant
Agressions, viols, voici ce qui se produit de plus en plus fréquemment dans les bars et les boîtes de nuit. Depuis peu, une mise en lumière a été faite sur ces violences sexuelles, et le mouvement #balancetonbar ne fait que la renforcer.
De nombreux témoignages à propos d’agressions sexuelles, dans les bars ou boîtes de nuit, ont été rendus publics et diffusés sur les réseaux sociaux depuis début octobre 2021. Le #balancetonbar, faisant référence au #balancetonporc, recense tous ces témoignages et nous fait constater que cette situation n’est pas à prendre à la légère. Ce nouveau mouvement, commençant à se développer dans le monde, permettra-t-il de changer les mentalités et ainsi rassurer et aider les victimes à avancer ?
L’origine du mouvement
Le signalement de plusieurs violences sexuelles dans les bars et boîtes de nuit, par le biais de drogues glissées dans les consommations ou par injections via des seringues, augmente depuis peu dans plusieurs pays. La Belgique est le pays où « il y a eu une prise de conscience massive à la suite de ces révélations, surtout sur le fait que les femmes étaient en insécurité dans le monde de la nuit. Ces témoignages ont créé une onde de choc médiatique et politique ». C’est ici, ce qu’affirme la co-créatrice du compte Balance ton bar Maïté Meeûs à France 24, qui a également recensé plus de 200 témoignages majoritairement féminins. Ce nouveau compte Balance ton bar a notamment permis de constater, par ces témoignages, que plusieurs bars, dont deux très connus à Bruxelles, étaient cités à plusieurs reprises en Belgique. Plusieurs serveurs en particulier ont été accusés de verser dans les consommations de certaines clientes du GHB en quantité assez conséquente, drogue que l’on surnomme « la drogue du violeur ». Par ailleurs, à la suite de la naissance du mouvement #balancetonbar, il a été constaté que ce dernier a déjà commencé à avoir des effets non seulement sur le territoire belge, mais aussi à l’international.
Un mouvement permettant d’agir
Grâce aux réseaux sociaux, notamment Instagram, le mouvement #balancetonbar a déjà permis de faire avancer le combat et permettre aux femmes victimes de ces violences de se faire entendre davantage.
Dans un premier temps, plusieurs collectifs féminins se sont manifestés pour que, non seulement ce mouvement atteigne le monde juridique, mais aussi que ce dernier les soutienne contre ces violences sexuelles. De fait, en plus des nombreuses plaintes déposées, leur acharnement semble bénéfique puisque que le parquet de Bruxelles a décidé d’ouvrir une enquête. Le parquet de Bruxelles souligne également que « chaque plainte concernant les infractions sexuelles est prise très au sérieux ».
Si le mouvement atteint la sphère juridique, il ne faut pas oublier que ce mouvement est, à l’origine, civil. C’est pourquoi tout le monde peut y apporter son soutien. À la suite de ces témoignages via le compte Balance ton bar sur Instagram, une grande vague de soutien est apparue et plusieurs centaines de personnes se sont réunies à Ixelles, lieu où plusieurs bars ont été signalés comme déclencheurs d’agressions sexuelles. Par ailleurs, un collectif féministe baptisé Union féministe inclusive et autogérée (Ufia), rassemble des associations et des activités défendant les minorités de genres (LGBTQ+) et les femmes. Un appel au boycott des bars et boîtes de nuit a été lancé pour le 12 novembre 2021. L’un des arguments de ce collectif pour boycotter les bars et boîtes de nuit serait que « la seule manière de te faire réagir est de toucher à ton précieux porte-monnaie », entendant ainsi que pour la société de consommation, si les violences sexuelles ne s’arrêtent pas, diminuera les profits des bars.
Un mouvement de portée internationale
Si le mouvement provient de Belgique, force est de constater qu’il commence déjà à prendre de l’ampleur à l’échelle internationale.
Il a été remarqué que ce mouvement s’est expatrié en France. En effet, depuis la rentrée scolaire, plusieurs associations et collectifs féministes demandent de faire preuve de vigilance dans de nombreuses villes françaises. Le compte Balance ton bar possède d’ailleurs plusieurs pages dédiées pour les villes françaises telles que Paris et Lyon.
Mais le mouvement ne s’arrête pas là. On observe que plusieurs phénomènes similaires se produisent au Royaume-Uni. Il s’avère même que le phénomène d’agression sexuelle soit amplifié. Il a été constaté que les agresseurs ne se limitaient pas seulement à une dose de GHB versée dans le verre d’une cliente, mais qu’ils vont plus loin en utilisant des seringues contenant, elles aussi, de la drogue. Les témoignages se sont accrus à la suite de la prise de parole de deux étudiantes de l’Université de Nottingham, dans les médias britanniques. Les séquelles de ces agressions sont marquantes du fait qu’elles ont gardé des ecchymoses et des marques d’aiguilles sur leur peau. La police britannique aurait reçu 140 rapports d’incidents, impliquant des boissons droguées, et 24 rapports impliquant des piqûres par seringues le 22 octobre 2021, selon l’agence française de presse (AFP). Ainsi au Royaume-Uni aussi, les femmes lancent des appels au boycott de bars et boîtes de nuit dans plus de 45 villes.
Par conséquent, ce mouvement #balancetonbar permet une réelle prise de conscience des violences sexuelles qui ont lieu dans les bars et boîtes de nuit. Il permet de rassembler une communauté pour agir contre ces violences et ainsi venir en aide aux femmes qui se sentent en danger. Toutefois, il semble qu’il en faudra davantage pour éviter que ce phénomène de violences sexuelles ne prenne davantage d’ampleur afin d’éviter des conséquences trop tragiques, telles que l’épidémie de seringues au Royaume-Uni.
Lucie MARX
Sources : France 24 | Le Point | Le Monde | Euronews