[Culture ciné par] Kahyna : « Into the wild », du fantasme de l’aventure à une mort tragique
Il y a déjà plus de 11 ans que Sean Penn faisait le buzz en sortant son quatrième long métrage, Into the wild. Long métrage tout aussi fascinant que bouleversant, qui nous laisse sans voix, sidéré, jusqu’à la fin du générique, et ce même plusieurs années après.
Into the wild c’est l’histoire de Christopher McCandless, un étudiant de 22 ans fraîchement diplômé qui décide de tout plaquer, de partir loin de cette société de consommation dans laquelle on nous entrave depuis notre plus jeune âge. Il coupe alors ses cartes de crédits, brûle ses papiers d’identité, fait dons de ses économies et part, laissant derrière lui sa famille, ses amis et l’existence paisible qui l’attendait. Son but : l’Alaska. Durant son périple, à travers les champs de blé du Dakota, les territoires hippies de Californie, le long du Colorado jusqu’au Mexique, Christopher fait la rencontre de plusieurs personnes qui, chacune à leur manière, changeront sa vision de la vie. Arrivé en Alaska, il doit survivre seul, en chassant et pêchant pour se nourrir. Il trouve refuge dans un bus abandonné, le « magic bus ». C’est après plusieurs mois passé seul qu’il réalise que la vie est enfaite plus inintéressante quand on la partage. Mais la rivière qu’il avait enjambé l’hiver dernier s’est transformé en un torrent infranchissable et l’empêche de faire marche arrière. C’est quelques semaines après, malgré ses nombreux savoirs, qu’il meurt d’une intoxication alimentaire. Son voyage aura duré 2 ans. Ce long métrage est tiré de l’histoire vrai de Christopher McCandless, décédé en 1992 dans le « magic bus ».
Au-delà de sa beauté par la présence de grandes étendues de nature brute, du fantasme du rejet du capitalisme et de l’aventure, ce film est avant tout une réflexion sur la vie, sur nos souffrances et questions intérieures. En effet, en partant et en laissant tout derrière lui, il fuit l’environnement tout aussi rassurant qu’étouffant qu’est la société dans laquelle nous vivons, les mensonges créés par celle-ci, mais avant tout la tyrannie et l’hypocrisie parentale dont il est témoin depuis son plus jeune âge. En partant loin de la vie qui lui est destinée, Christopher recherche en fait les réponses aux questions existentielles que nous posons tous. Qui n’a jamais rêvé de tout plaquer, de s’échapper de cette société pleine d’interdits, de lois et de règles morales, à la recherche de notre vraie nature ? Qui n’a jamais voulu renouer les liens avec la nature, nos ancêtres ? De découvrir le réel sens de notre existence ?
Mais au-delà de ce fantasme du voyage, de l’aventure, ce film contient une forte morale. En effet, dans une des dernières scènes, avant la mort de Christopher, ce dernier prend conscience de l’importance de la société et de la compagnie humaine, c’est ce qui est montré lorsqu’on le voit écrire dans son journal « le bonheur n’est réel que s’il est partagé ». Cela rentre en contradiction avec le mode de vie qu’il recherchait et qu’il menait depuis le début du film. Il prend alors soudainement conscience de la réponse aux questions qu’il s’était posées durant toute sa vie. Une partie de ce qu’il voulait fuir était en fait la réponse à ces souffrances et questions intérieures, mais ce n’est qu’en quittant ce qu’il avait pour partir à la recherche du bonheur qu’il s’est rendu compte, trop tard, que le bonheur était ce qu’il avait quitté et non ce qu’il recherchait. Parfois, pour se trouver, pour trouver qui on est, il faut se perdre, changer de point de vue sur les choses et sur le monde.
Into the wild est une prouesse technique par la qualité de la réalisation, l’immersion totale dans les paysages magnifiques d’Amérique du Nord donnant à la nature une image idyllique mais qui se révèle, par l’histoire, intransigeante et d’une dureté incroyable auprès du personnage, Christopher McCandless. C’est aussi un film avec une morale forte sur notre quête intérieure, la recherche des réponses aux questions existentielles que nous nous posons tous. Un chef d’oeuvre d’aventures et de raisons, qui auront menés à la fin de Christopher McCandless ainsi qu’a celle de plusieurs fans, partis sur les traces de leur héros.
Kahyna Pelhate