Marianne Mako, une femme avant-gardiste remarquable
Il y a huit mois ce 2 mai Marianne Mako, journaliste sportif, première femme journaliste à s’intéresser au football dans un milieu machiste, disparaissait. Date d’un triste anniversaire qui est l’occasion pour Hashtag-Infos de publier ce portrait écrit alors par Hermanise Bedouet… (*)
« Le foot se joue avec du poil aux pattes et au menton. Il n’est pas prévu pour les femmes journalistes.” Dans son autobiographie « Tout à faire Thierry », Thierry Roland, ancien collège de Marianne Mako, ne se prive pas pour exposer ses opinions sexistes: il ne veut pas de femmes dans le football affirme-t-il en faisant allusion à Marianne Mako, sous prétexte entre autres «qu’elles n’avaient pas de poil aux pattes».
Dans un sport conservateur et sexiste, Marianne Mako est parvenue à se faire une place parmi les plus grands commentateurs de match de football. Morte à l’âge de 54 ans suite à une longue maladie, elle est la première journaliste sportive à commenter à la télévision les matchs des footballs. Faisant fi des critiques, elle est allée jusqu’au bout de ses rêves, n’en déplaît pas à certains machistes. « Jean-Claude Dassier a toujours eu l’honnêteté de me dire qu’à son avis, pour le grand public, une femme commentant un match de foot ne serait pas crédible. » À l’époque il était inconcevable qu’une femme puisse connaître le foot et le commenter à la télévision. Mais Marianne Mako a prouvé le contraire, elle est allée au-delà des idées reçues. Elle reste aujourd’hui une grande femme qui a beaucoup marqué les esprits. Son combat contre ce “ domaine très machiste et sexiste” a contribué à faire évoluer les mentalités sur la femme dans le domaine sportif qui était jusqu’alors exclusivement masculin et très fermé à l’intégration des femmes réservées.
Estelle Denis : “Elle était la première à parler foot à la télé,
grâce à elle on s’est dit que c’était possible. Merci Marianne. Pour tout. “
Née en 1964, cette ancienne journaliste sportive française est considérée comme une pionnière de la féminisation du journalisme sportif français. Présentatrice reconnue, elle effectua une “forte carrière” au service des sports de la première chaîne, pendant dix ans. Elle travailla d’abord comme pigiste pour les services des sports de Sud-Ouest, RMC et Libération. Dans les années 90, elle fait son apparition sur la chaîne TF1 en tant que Commentatrice dans l’émission Téléfoot. Elle travailla dans les années 90 aux côtés de présentateurs de renom comme Thierry Roland, Jean-Michel Larqué, Frédéric Jaillant et Roger Zabel. En parallèle, elle avait lancé, dès sa première année à TF1, une chronique intitulée « Crampons aiguilles ». Cependant sa période au sein de l’équipe de Tf1, n’est pas tout de repos. Malgré sa passion et son professionnalisme, sa place dans l’émission ne convient pas à tout le monde. En 1997, elle se retrouve évincée de Téléfoot suite à une restructuration de l’équipe au motif qu’elle ne commentait pas de match. C’était l’argument officiellement avancé. Cependant dans les coulisses de l’émission, il fut évident que l’animateur de l’émission, Thierry Roland, a beaucoup contribué au départ de Marianne Mako. Selon c’est dire, elle n’était pas assez compétente. « Elle est sympa, plutôt mignonne, mais j’ai entendu trop de catastrophes sortir de sa bouche pour la prendre au sérieux”. Reconvertie à partir des années 2000 dans la communication et déjà malade en septembre 2017, Marianne Mako n’a pu être présente aux 40 ans de Téléfoot.
Nombreux sont ceux qui lui ont rendu hommage. Denis Brogniart, Yoann Riou, Hervé Mathoux et le footballeur international Bixente Lizarazu qui a débuté dans l’émission Téléfoot lorsque la journaliste y travaillait encore. Elle restera une femme qui à marquer les esprits et qui a su faire changer les choses. elle a su faire évoluer les mentalités. Comme l’affirme Hervé Mathoux «Elle aura ouvert la voie à tant de jeunes filles qui rêvaient de faire ce métier ».
Hermanise Bedouet
*et que nous avions omis de publier, ouppsss. Pardon Hermanise…