Le réchauffement climatique sera-t-il synonyme de réchauffement économique ?
Aujourd’hui la fonte des glaces arctiques, due au réchauffement climatique, voit l’émergence de nouvelles routes commerciales maritimes, ainsi que de zones riches en énergies fossiles. Ces nouvelles routes et zones sont une aubaine économique pour les pays adjacents, tels que le Canada ou la Russie.
La fonte des glaces est synonyme de gain de temps pour relier l’Atlantique au Pacifique… et aussi d’extraction de minerais jusqu’alors inaccessibles.
Dans le contexte de la mondialisation, les bateaux sont le principal moyen de transport. Ils représentent 80 % du volume du commerce mondial, et 70 % de la valeur des marchandises échangées. En 2015, 9 milliards de tonnes de marchandises ont transité par voie maritime. On peut en déduire que les routes maritimes représentent un enjeu économique majeur. La fonte des glaces offre deux avantages majeurs : un gain de temps considérable et de nouveaux sites d’extraction de ressources fossiles.
Les routes maritimes arctiques permettent un transit des marchandises bien plus rapide. En effet les bateaux relient l’Atlantique au Pacifique en 3 fois moins de temps qu’en passant par le Cap Horn, et s’épargnent 26 % de distance de moins à parcourir plutôt qu’en passant par le canal du Panama.
La glace en moins, certaines zones riches en énergies fossiles deviennent accessibles. Selon L’IFP Energies nouvelles, il y aurait l’équivalent de « 90 milliards de barils de pétrole », et « encore 318 milliards de gaz en équivalent pétrole » au nord du cercle polaire, ce qui représente « 13 à 30 % des ressources mondiales ». Et cela rien que pour les ressources « prouvées »!
Entre 1980 et 1999, la RMN (Route Maritime du Nord) a été accessible en moyenne 45 jours par an. En 2020 cette moyenne augmentera de 10 jours environ, et en 2080, de 20 à 30 jours. Les voix de navigation de plus en plus pratiquables et la disparition des glaces sont un enjeu économique majeur pour nombre de pays. Ceux-ci se sont réunis au sein d’une organisation : le Conseil de l’Arctique, comprenant le Canada, la Russie, les États-Unis, la Finlande, l’Irlande, la Norvège et la Suède. Depuis 2013, des pays ont été admis comme pays observateurs : Chine, Inde, Corée du Sud et la Pologne.
Entre autres exemples : pour la Russie le passage représente une belle opportunité pour développer son commerce maritime. En effet la RMN (Route Maritime du Nord) est un espace faisant partie de sa ZEE (Zone Économique Exclusive). De plus, c’est une pièce maîtresse de son économie : c’est par cette route que transite une partie de sa production d’hydrocarbures, de minerais et 1 millions de personnes habitent sur la côte que longe la RMN. Cela représente 20 % de son PIB (Produit Intérieur Brut).
Une chose est certaine : les pays essaieront de profiter des opportunités qui leurs sont offertes. Reste à savoir quelles tensions elles engendreront entre eux.
Cet article est lié à la conférence de l’Université Permanente, antenne de la Roche-sur-Yon, qui a eu lieu le jeudi 7 mars dernier, à 18h15 : Passage vers le nord : rêves et désillusions dans le passé et l’avenir des passages arctique.
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